campagne malware Battlefield 6

Campagne malware Battlefield 6 : des centaines de joueurs potentiellement compromis

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Le lancement de Battlefield 6 en octobre 2025 a déclenché une vague de cyberattaques ciblant les joueurs. Bitdefender Labs révèle une campagne malware sophistiquée exploitant la popularité du jeu EA via de faux cracks et trainers diffusés sur les sites torrent. Qui est derrière ces attaques ? Quelles techniques utilisent les cybercriminels ? Comment les joueurs peuvent-ils se protéger ?

Battlefield 6, développé par DICE et publié par Electronic Arts, a enregistré plus de 7 millions d’exemplaires vendus en trois jours lors de sa sortie le 10 octobre 2025. Ce succès commercial majeur attire mécaniquement l’attention des groupes malveillants qui exploitent l’impatience des joueurs cherchant à obtenir le jeu gratuitement ou à disposer d’avantages compétitifs via des trainers.

Anatomie de la campagne malware Battlefield 6

Les chercheurs de Bitdefender ont identifié trois vecteurs d’infection distincts dans cette campagne malware Battlefield 6, chacun présentant des caractéristiques techniques différentes présenté sur leur blog.

L’infostealer déguisé en trainer

Le premier échantillon se présente comme un installateur de trainer Battlefield 6. Malgré sa petite taille et l’absence d’obfuscation, ce malware extrait rapidement des données sensibles dès son exécution. Il cible les répertoires utilisateurs locaux et les profils de navigateurs pour récupérer les portefeuilles cryptographiques et sessions de cookies depuis Chrome, Edge, Firefox, Opera, Brave, Vivaldi et WaveBrowser. Les tokens de session Discord et les données d’extensions de portefeuilles crypto comme iWallet et Yoroi figurent également parmi les cibles.

L’exfiltration s’effectue vers l’adresse IP 198.251.84.9 via HTTP en clair, sans tentative de dissimulation du trafic. La simplicité du malware constitue paradoxalement sa force car il fonctionne même dans des machines virtuelles et échappe à certaines solutions antivirales basées sur l’analyse comportementale complexe.

Le site flingtrainer.io, qui héberge ce malware, propose de nombreux autres « trainers » exécutant le même type de vol de données. Le nom FLiNG est d’ailleurs usurpé à un développeur légitime connu pour ses applications de modification de jeux.

Le malware évasif InsaneRamZes

Le second échantillon, distribué sous le nom « Battlefield 6.GOG-InsaneRamZes », implémente des techniques d’évasion avancées. Avant de déployer sa charge utile, le malware construit un tableau d’identifiants régionaux et arrête son exécution s’il détecte des paramètres russes ou des pays de la CEI (Russie, Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan, Lituanie, Ouzbékistan).

Cette mesure d’auto-protection géographique est fréquemment utilisée par les groupes malveillants russes pour éviter une exposition légale dans certaines juridictions. Le désassemblage du code révèle une comparaison de locales avec des codes spécifiques conduisant à une terminaison immédiate sur les systèmes correspondants.

Le malware utilise également le hachage d’API Windows pour obscurcir son fonctionnement. Lors de l’exécution, il calcule le hash de chaque API cible depuis les DLL système. Lorsqu’une correspondance est trouvée, l’API est sauvegardée pour utilisation ultérieure. Cette technique complique considérablement l’analyse statique du binaire.

Un test de temporisation via GetTickCount() permet au malware de détecter les environnements sandbox en déterminant le temps d’activité du système. L’analyse des chaînes en mémoire révèle des références à des logiciels comme CockroachDB, Postman, BitBucket et FastAPI, suggérant un ciblage des clés API et des identifiants de bases de données.

Bien que l’échantillon ait planté avant l’exécution complète de la charge utile, les preuves indiquent une intention de collecter des identifiants au-delà des données habituelles de navigateurs et Discord.

L’agent C2 RUNE

Le troisième échantillon, déguisé en image ISO de Battlefield 6, déploie un agent de commande et contrôle persistant. L’ISO contient un exécutable MZ de 25 Mo comprenant un objet compressé ZLIB. Lors de l’exécution, le binaire décompresse le contenu ZLIB, écrit un fichier nommé 2GreenYellow.dat dans le répertoire utilisateur et l’exécute silencieusement via la commande regsvr32.exe /s /i avec le flag /i qui déclenche la fonction d’export DllInstall de la DLL.

La DLL inclut trois exports standards (DllRegisterServer, DllInstall, DllUnRegisterServer). Une fois initialisée, elle tente de contacter de manière répétée ei-in-f101.1e100.net, un domaine appartenant à Google et potentiellement utilisé comme relais ou pour dissimuler les communications C2.

Bien que les communications C2 aient échoué durant les tests, la structure du code indique une conception pour l’exécution de commandes à distance ou l’exfiltration de données. Un agent C2 offre des vecteurs d’attaque quasi illimités, de la persistance au mouvement latéral en passant par le déploiement de charges utiles supplémentaires.

L’exploitation des noms de groupes légitimes

Les attaquants derrière cette campagne malware Battlefield 6 exploitent astucieusement la réputation de groupes de crack légitimes. InsaneRamZes et RUNE sont des noms réels dans la scène warez qui crackent régulièrement les nouveaux titres. Cette usurpation d’identité confère une crédibilité apparente aux fichiers malveillants et augmente la probabilité d’infection.

Le groupe RUNE a d’ailleurs publié un véritable crack de Battlefield 6, ce qui ne fera qu’amplifier la confusion et favoriser les téléchargements accidentels de versions infectées. Les utilisateurs accédant aux trackers torrent connus risquent de télécharger la version malveillante par erreur, les différenciant difficilement des releases légitimes.

L’écosystème du piratage de jeux

Battlefield 6 intègre une protection avancée et un composant multijoueur massif, ce qui rallonge habituellement le délai de crack. Les jeux avec ces caractéristiques prennent généralement plusieurs semaines, voire mois, avant qu’une version piratée fonctionnelle n’émerge. Tous les échantillons analysés par Bitdefender ne proposent aucune fonctionnalité liée à Battlefield, confirmant qu’il s’agit exclusivement de malwares déguisés.

Les trainers de jeu sont des applications permettant aux joueurs de modifier certains paramètres, comme augmenter les ressources en jeu ou obtenir l’invincibilité dans les FPS. Ces outils fonctionnent principalement sur les titres solo et leur utilisation en multijoueur entraîne généralement un bannissement. Les solutions de sécurité détectent parfois les trainers légitimes comme potentiellement dangereux en raison de leur comportement similaire à certains malwares.

Ampleur de la campagne malware Battlefield 6

Bitdefender a observé des centaines de seeders et leechers actifs sur les torrents malveillants, indiquant un nombre potentiellement élevé de victimes. Le trainer Battlefield 6 apparaissait en page 2 d’une simple recherche Google, maximisant son exposition aux joueurs à la recherche d’avantages compétitifs.

Les statistiques du piratage de jeux révèlent qu’environ 10% des joueurs ont téléchargé ou joué à un jeu piraté au cours des trois derniers mois. Une étude AVG indique que plus de 90% des jeux crackés téléchargés via torrents ou sites de partage contiennent des malwares ou du code malveillant. Entre 2018 et 2020, une campagne similaire a compromis 3,2 millions de PC Windows et volé 1,2 téraoctet d’informations personnelles incluant 26 millions d’identifiants de connexion.

Recommandations de protection

Face à cette campagne malware Battlefield 6, plusieurs mesures de protection s’imposent. L’achat et le téléchargement de jeux exclusivement via les plateformes officielles (EA App, Steam, Epic Games Store, Uplay, GOG) éliminent le risque d’infection par des versions piratées. L’évitement des torrents, utilitaires trainers tiers et exécutables inconnus constitue une barrière essentielle.

L’emploi d’une protection comportementale en temps réel bloque les charges utiles malveillantes avant leur exécution. Les solutions modernes détectent les comportements suspects comme les tentatives d’exfiltration de données ou les communications C2 non autorisées, même pour des malwares précédemment inconnus.

La vigilance reste primordiale lors de recherches de cracks ou trainers. Les résultats en première page Google ne garantissent pas la légitimité d’un site. Les domaines récemment créés hébergeant des trainers pour des jeux AAA récents sont systématiquement suspects.

Questions fréquentes Campagne malware Battlefield 6

Qu’est-ce que la campagne malware Battlefield 6 ?

La campagne malware Battlefield 6 est une opération cybercriminelle exploitant la popularité du jeu EA pour diffuser des malwares via de faux cracks et trainers sur les sites torrent et moteurs de recherche.

Quels types de malwares sont utilisés dans cette campagne ?

Cette campagne malware Battlefield 6 déploie trois types de malwares : un infostealer ciblant navigateurs et portefeuilles crypto, un malware évasif avec anti-analyse, et un agent C2 permettant le contrôle à distance.

Comment se protéger de la campagne malware Battlefield 6 ?

Téléchargez uniquement Battlefield 6 via les plateformes officielles, évitez les torrents et trainers tiers, utilisez une solution de sécurité avec protection comportementale en temps réel.

Les trainers Battlefield 6 sont-ils tous malveillants ?

Tous les trainers Battlefield 6 analysés par Bitdefender sont malveillants et ne proposent aucune fonctionnalité de jeu légitime. Battlefield 6 étant principalement multijoueur, les trainers fonctionnels sont inexistants.

Quels groupes sont derrière la campagne malware Battlefield 6 ?

Les attaquants usurpent les noms de groupes légitimes comme InsaneRamZes et RUNE pour donner de la crédibilité à leurs malwares, mais les échantillons proviennent probablement de groupes distincts.

Combien de personnes sont affectées par cette campagne ?

Bitdefender a observé des centaines de seeders et leechers actifs, suggérant des centaines de victimes potentielles, mais le nombre exact d’infections reste inconnu.

Pourquoi les cybercriminels ciblent-ils Battlefield 6 ?

Battlefield 6 a vendu plus de 7 millions d’exemplaires en trois jours, créant une audience massive de joueurs potentiellement intéressés par des versions gratuites ou des avantages compétitifs via des trainers.

Le vrai groupe RUNE a-t-il cracké Battlefield 6 ?

Oui, le groupe RUNE légitime a publié un crack fonctionnel de Battlefield 6, ce qui complique la distinction entre releases légitimes et versions infectées pour les utilisateurs.


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